Bail commercial conclu par une commune : confirmation du droit à indemnité d’éviction

Dans une affaire récente, la Cour d’appel de Douai (CA Douai, chambre2, section 1, 6 mars 2025, n° 24/00476) devait se prononcer sur la demande d’une locataire exploitant un fonds de commerce dans des locaux appartenant à une commune.

 

En principe, le locataire d’un bail commercial perçoit une indemnité d’éviction en cas de non-renouvellement de son. Cette indemnité est prévue par les articles L. 145-10 et L. 145-57 du code de commerce.

 

En l’espèce, après la commune a notifié à son preneur son intention de ne pas renouveler le bail commercial et de ne pas lui verser d’indemnité d’éviction. La locataire a alors saisi la juridiction judiciaire pour obtenir le paiement de cette indemnité.

 

Une expertise judiciaire a été ordonnée pour évaluer l’indemnité d’éviction. La locataire a ensuite saisi le tribunal judiciaire en paiement de cette indemnité. La commune a soulevé une fin de non-recevoir, contestant l’intérêt et le droit d’agir de la locataire.

 

En première instance, le juge de la mise en état a rejeté la fin de non-recevoir et condamné la commune à payer une indemnité d’éviction à la locataire.

 

La commune a interjeté appel et soutenait que la locataire était irrecevable à agir en invoquant la directive européenne 2006/123/CE (dite « directive services »),qui, selon elle, faisait obstacle à l’application du statut des baux commerciaux et au droit à indemnité d’éviction pour la locataire.

Pour la Cour, la locataire avait qualité et intérêt à agir pour demander l’indemnité d’éviction, confirmant ainsi que la conclusion d’un bail commercial par une commune relève du droit commun des baux commerciaux, et que la juridiction judiciaire est compétente pour statuer sur les litiges relatifs à l’indemnité d’éviction.

 

La Cour d’appel a écarté l’argument fondé sur la directive « services » ainsi que ceux tirés de la nature publique du bailleur, et a reconnu la compétence du juge judiciaire pour statuer sur la demande d’indemnité d’éviction.

Conclusion

Ainsi, la jurisprudence confirme expressément que si une commune a la possibilité de conclure un bail commercial, le preneur bénéficie des droits attachés à ce statut, notamment en matière d’indemnité d’éviction. Point d’exorbitance en matière de bail commercial sur les propriétés publiques.

Tous nos articles

Votre veille juridique signée ADMYS

Nous suivons de près l’actualité juridique pour vous offrir un regard clair, précis et utile sur les changements qui impactent vos activités.

Blog Image

03.10.2025

Concours restreint : l’exception qui échappe au délai de standstill et ferme la voie du référé contractuel aux concurrents évincés

Il est désormais ADMYS que le moyen en vertu duquel l’acheteur ne respecte pas le délai de standstill auquel il s’est volontairement soumis dans le cadre d’une procédure de concours restreint, qui n’est pas une procédure formalisée au sens de l’article L.2124-1 du Code de la commande publique, n’est pas recevable au titre du référé contractuel.

Blog Image

11.07.2025

Secteur public : acquérir des biens immobiliers sans autorisation peut constituer une infraction financière

Il est ADMYS que l’engagement de dépenses sans en avoir l’autorisation peut constituer l’infraction visée à l’article L. 313-3 du Code des juridictions financières. Voici une récente illustration de cette notion concernant les acquisitions immobilières réalisées par une fondation faisant appel à la générosité publique, la Fondation « Assistance aux animaux » (C.Cptes, 8 janvier 2025, Fondation Assistance aux animaux, aff. N°874).

Blog Image

08.10.2025

Sans service fait, mais avec règlement s’il-vous-plaît !

Il est ADMYS qu’une suspension d’une partie des prestations contractuelles par le pouvoir adjudicateur en cours d’exécution n’autorise pas ce dernier à écarter la demande de règlement de ladite partie sur le fondement d’une absence d’exécution.

Blog Image

11.07.2025

Le projet de l'A69 ne fait pas le poids face à la protection des espèces

Il est ADMYS que la possibilité de déroger aux règles de protection des espèces et de leurs habitats en vue de la réalisation d’un projet d’aménagement suppose que celui-ci réponde à une raison impérative d’intérêt public majeur (TA Toulouse, 27 février 2025, France Nature Environnement Midi-Pyrénées et autres, n° 2303830).

Blog Image

11.07.2025

L'année 2025, comme une ère de simplification en commande publique ?

Il est ADMYS que le décret n°2024-1251 du 30 décembre 2024 portant diverses mesures de simplification du droit de la commande publique est venu concrétiser certaines attentes des acheteurs et opérateurs économiques pour une action publique plus efficace et simplifiée.

Blog Image

11.07.2025

Le référé-suspension environnemental ne s'applique que pour les projets susceptibles d'affecter l'environnement

Il est ADMYS qu’en matière de référé-suspension contre une décision d’aménagement, l’existence de conclusions défavorables de la commission d’enquête implique, pour le requérant, de se prévaloir d’une condition d’urgence à suspendre lorsque la décision soumise à enquête publique préalable ne porte pas sur une opération susceptible d’affecter l’environnement.

Blog Image

15.08.2025

Quand les biens de retour d'une concession funéraire enterrent le droit de propriété

Il est ADMYS que la qualité de propriétaire d’un terrain sur lequel ont été construits des biens nécessaires à l’exploitation d’un service public ne fait pas obstacle au retour gratuit de ces biens à la commune au terme de la concession de service public (CAA Lyon, 7 novembre 2024, Société Pompes funèbres régionale roannaise, n°24LY00428).

Blog Image

03.10.2025

Eaux pluviales, mur de soutènement et compétence transférée : la chaîne de responsabilité en question

Il est ADMYS que le transfert de la compétence gestion des eaux pluviales (GEPU) implique la substitution du nouveau gestionnaire dans la responsabilité liée au réseau d’évacuation, y compris pour des faits antérieurs au transfert. La Cour administrative d’appel de Marseille (13 mai 2025, n°23MA01504) rappelle en outre que la circonstance qu’un mur soit implanté sur un terrain privé n’empêche pas sa qualification d’ouvrage public.

Vous recherchez votre partenaire juridique ?

Notre équipe est à votre écoute pour répondre à vos besoins, sécuriser vos projets et proposer un accompagnement sur mesure. Définissons ensemble vos besoins de manière efficiente et sans engagement.

Project Image